Depuis un peu plus d’une semaine, suite à l’épidémie de coronavirus, nous sommes invités à rester chez nous et à limiter nos contacts sociaux. Du coup, une question me taraude : que font les français sur Internet pendant le confinement ? A quoi passent-ils leurs journées ? Quels sites fréquentent-ils ? Réponse grâce au data marketing.
J’ai “enquêté” et je partage ici les résultats de mes constations. J’aurais aussi pu appeler mon article : coronavirus : quels sont les sites Internet qui s’en sortent (ou pas).
Vous pouvez lire tout mon article ou bien scroller (faire défiler) directement jusqu’en bas pour trouver mon tableau de synthèse.
Boom du télétravail pendant le confinement
Officiellement on passe ses journées entre télétravail, appels Skype, Google Meet ou Zoom pour les professionnels et assurer un minimum d’école à la maison, notamment pour ceux qui ont des enfants scolarisés et pas totalement autonomes. A lire les commentaires sur les réseaux sociaux, les profs se “lâchent” et il n’y aurait pas de quoi chômer.
Néanmoins, une fois les “téléréunions” passées et les travaux scolaires faits, on joue aux cartes, on lit, on ressort des jeux de société, on regarde la TV et… on va sur Internet.
Pas d’impact sur les fournisseurs d’accès à Internet pendant la crise coronavirus
Pour le moment, les opérateurs Internet sont confiants. Stéphane Richard le patron d’Orange) disait en fin de semaine dernière que malgré les chiffres (télétravail *7 / visio conférences et trafic voix *2 / trafic WhatsApp *5), il n’y avait pas de tension insupportable sur la capacité des réseaux et qu’ils étaient conçus pour passer la période actuelle.
Néanmoins, en début de semaine, Netflix, YouTube et Amazon Prime annonçaient dégrader la qualité du streaming (à la demande de la Commission Européenne) pour aider les opérateurs. Selon TTSO, le streaming, c’est la moitié du trafic Internet en France).
En France, 5 acteurs représentent la moitié du trafic descendant (tarif d’Internet vers les lignes des abonnés).
Netflix = 23% du trafic descendant
YouTube = 17%
Facebook = 5%
Amazon = 3%
Canal+ = 2%
Quel est l’impact du coronavirus sur le trafic des sites Internet en France ?
J’ai donc eu l’idée de regarder comment les français passent leur temps sur Internet.
Pour ce faire, j’utilise des outils de Big Data américains, qui parcourent le web à longueur de journée, indexant des milliards de données.
Sans rentrer dans la technique (je n’en suis de toute façon pas capable), ces outils donnent une image de la réalité. Ce n’est pas le reflet exact de tout ce qui se passe sur Internet. Seul Google a l’info (et encore, j’en doute) et je n’ai pas accès aux données de Google.
Je n’ai de la réalité, que ce qui est capté, trié et analysé par les outils que j’utilise.
Ce que ces outils captent c’est une partie du tarif Internet, donc une partie de ce que les français font sur Internet pendant le confinement.
Concrètement, ces outils estiment la part du trafic des sites qui passe par les moteurs de recherche, c’est-à-dire le trafic qui passe par Google ou Bing.
Le trafic mesurable des sites Internet
Chaque organisation qui a un site Internet dispose a priori d’outils pour mesurer son trafic, d’où il vient, combien de temps les internautes passent sur son site, quelles pages ils visitent.
Quelle est la part du trafic d’un site Internet qu’on peut mesurer depuis l’extérieur ?
Les outils de Big Data que nous utilisons ne mesurent que la part du trafic d’un site qui passe par un moteur de recherche. Explications, à partir de LinkedIn pour que ce soit plus simple à comprendre pour les non geeks.
Exemple :
Vous allez sur Google. Vous tapez Linkedin dans la barre de recherche. Sur la page de résultat vous cliquez sur le site https://www.linkedin.com/, ce trafic est pris en compte par les outils qui crawlent le web. C’est le seul trafic qui est mesuré par les outils que j’utilise.
Le trafic direct n’est pas mesuré :
Qu’est-ce que le trafic direct : vous connaissez l’adresse du site et vous la tapez directement. Exemple : vous tapez directement www.linkedin.com dans votre navigateur sans passer par un moteur de recherche.
Le trafic via raccourci n’est pas mesuré :
Vous avez l’habitude d’aller sur un site et vous avez créé un raccourci dans votre navigateur. Ainsi vous y accédez rapidement en cliquant sur un lien ou sur une icône dans votre navigateur.
Le trafic venant des réseaux sociaux n’est pas mesuré :
Vous êtes sur Facebook. Vous voyez un contenu qui renvoie vers LinkedIn via un lien. Vous cliquez sur le lien pour aller sur LinkedIn. Ce trafic n’est pas mesuré.
Le trafic venant des sites tiers n’est pas mesuré :
Vous êtes sur un site (blog, média, forum…). Vous lisez un article dans lequel il y a un lien qui renvoie vers un contenu sur LinkedIn (article, page entreprise, profil de l’auteur…), ce trafic n’est pas pris en compte.
Le trafic venant des ads est mesuré, mais je ne l’ai pas pris en compte :
Le trafic venant des publicités diverses (publicités Google ou sur des réseaux sociaux, pubs sur des sites) est mesurable. Je ne l’ai pas pris en compte pour cette étude.
Le trafic venant des ads est mesuré, mais je ne l’ai pas pris en compte :
Vous consultez votre profil LinkedIn, votre compte bancaire ou mobile depuis une application Android ou iPhone, ce trafic n’est pas mesuré.
Enfin le trafic des newsletters n’est pas mesuré :
Vous recevez un mail ou une newsletter à laquelle vous êtes abonné. Vous cliquez sur un lien pour aller sur un site. Ce trafic n’est pas non plus mesuré.
Je viens de lister 8 sources différentes de trafic vers un site Internet. Je n’en ai utilisé qu’une pour mon étude : est-ce représentatif ?
Selon des sites d’experts du sujet (abondance par exemple), cette partie peut représenter jusqu’à 80% du trafic d’un site. L’auteur de ce blog incite fortement à faire en sorte que ce trafic ne soit pas supérieur à 50%.
Selon le Journal du Net, ce trafic représente en moyenne plus de 50% du trafic d’un site.
Quels sites ai-je sélectionnés pour avoir une idée de ce que font les français sur Internet pendant la crise du coronavirus ?
J’ai analysé les sites de plusieurs industries :
Automobile :
Renault
Peugeot
Citroën
Volkswagen
Dacia
Banques
BNP (mabanque)
Crédit Agricole
Société Générale (particuliers)
Commerçants / e-commerce
Amazon
Boulanger
Castorama
Cdiscount
Darty
Décathlon
Fnac
Le Bon Coin
Mr Bricolage
Information
BFM
France Info
LCI
Radios
Europe 1
France Inter
France Bleu
NRJ
RTL
Réseaux Sociaux
Facebook (non mesurable)
YouTube (non mesurable)
Retail
Carrefour
e-leclerc et leclerc drive
Intermarché
Monoprix
Téléphonie
Bouygues Telecom
Free
Orange
SFR
TV
CanalPlus
France TV
M6
Netflix
TF1
URSSAF
X / Adultes
Jacquie et Michel
Pornhub
Xhamster
Xnxx
Xvideos
J’ai basé mon choix à partir des nombreux classements visibles, depuis les classements de vendeurs de voitures neuves en France jusqu’aux classement des sites les plus visités.
Alors : que font les français sur Internet pendant la crise du coronavirus et quels sont les sites qui s’en sortent le mieux ?
J’ai regardé 2 chiffres : l’évolution depuis les 30 derniers jours et l’évolution depuis 60 jours.
Voici les résultats par secteur :
Automobile
Les chiffres m’ont vraiment surpris : sur la base des 5 sites analyses, moins de 1% de croissance depuis 30 jours mais 8% de croissance sur 60 jours. Une partie des français profiterait-elle de la crise pour s’informer sur leur prochaine voiture. Cela peut surprendre, mais si c’est le cas, c’est un signe plutôt positif.
Les marques françaises s’en tirent plutôt bien : +8% sur 30 jours et +14% sur 60 jours. J’ai analysé le Top 5, donc je n’ai qu’une marque étrangère : Volkswagen. Volkswagen fait baisser la moyenne : -29% sur 30 jours et -17% sur 60 jours.
Si en plus de penser à un prochain achat automobile, les français pensent “marque française”, c’est vraiment un bon signe. On verra post crise si ces visites de traduisent par une hausse des ventes par rapport à 2019.
Banques
Je n’ai regardé que les 3 premières banques françaises. La situation est assez paradoxale : le trafic de la BNP et de la Société Générale restent stable alors que celui du Crédit Agricole explose : +20% en 30 jours et +52% en 60 jours.
Commerçants / e-commerce
La catégorie est stable sur 6. Jours et progresse de 2.6% depuis 3 jours. Il y a des gagnants sur la période : Boulanger (+10% sur 60 jours) et la Fnac (+11% sur 11 jours). Les français se mettraient aussi au bricolage : progression de Castorama et redressement de Mr Bricolage depuis 30 jours.
Sites d’information
J’ai eu la surprise inverse des chiffres du secteur automobile : BFM, France Info et LCI sont en baisse.
Plusieurs explications possibles :
– Utilisation des applis mobiles pour suivre l’actualité quand on est bureau.
– Compte tenu de cette actualité, peut-être que de nombreux français ont préféré aller directement sur leur téléviseur ou peut-être que le trafic direct de ces sites a fortement augmenté. Cela peut se comprendre : si on veut avoir une info ou suivre l’actualité rapidement, on va davantage penser à aller directement sur le site d’un média plutôt que de passer par un moteur de recherche.
– Globalement ces sites sont très mal référencés sur le mot coronavirus. En effet, en 1° page des résultats, on a la site du gouvernement / je journal des femmes / santé magazine / l’INSERM / who (OMS) / santé publique France / le parisien. Et on sait bien aujourd’hui que pas de référencement = pas de trafic.
Radios
Moins touchées que les sites d’information, mais dans la même tendance et probablement pour les mêmes raisons : adaptation des usages et mauvais référencement sont plus des causes probables qu’une désaffection de ces sites.
Réseaux Sociaux
Malheureusement les outils que j’utilise ne m’ont pas permis de récupérer des données pour Facebook et YouTube. Je n’ai donc pu analyser que LinkedIn. Parmi tous les sites que j’ai analysés, le gagnant est LinkedIn.
Compte tenu de la progression extrêmement forte de LinkedIn, il y a une part d’explication logique. Ceux qui sont en poste en profitent pour refaire leurs profils. Les indépendants vont chercher des clients. Ceux qui sont en transition vont voir si de nouvelles offres sortent. Dans la situation actuelle, compte tenu de l’incertitude économique, on peut comprendre que le seul réseau social professionnel s’en sorte bien.
Cette évolution est probablement liée aussi à une modification de l’utilisation de LinkedIn liée à la période. En temps “normal”, on utilise principalement LinkedIn sur mobile et / ou via l’app, parce qu’on y va surtout pour voir des profils ou pour y lire du contenu, notamment pendant le temps de transport ou les interminables réunions. Si les membres de LinkedIn vont améliorer / modifier leurs profils ; si les commerciaux et les indépendants s’activent davantage pour essayer de trouver des clients, cela se passe depuis PC.
Retail
Logiquement, le trafic s’est accru depuis 30 jours. Sur plusieurs sites, il a fallu se mettre dans une file d’attente virtuelle. Globalement, la catégorie se tient assez bien. Monoprix est en baisse depuis 60jours, mais l’enseigne communique beaucoup sur son app et notamment sur le service “coupe file” qui permet de ne plus faire la queue aux caisses. La baisse de trafic peut n’être liée qu’à un changement d’usage de la part des consommateurs.
Attention cependant à l’effet boomerang. Une fois que les consommateurs auront 5 kgs de riz et 8 kgs de pâtes, il risque d’y avoir un contre coup et un ralentissement su trafic n’est pas à exclure.
Téléphonie
Globalement, malgré une baisse depuis 60 jours, le trafic se redresse depuis 1 mois. Une partie des opérateurs a lancé des offres spéciales et profitent de l’occasion pour faire découvrir de nouvelles options.
TV / Streaming
Les médias “traditionnels” sont dans la même situation (et probablement pour les mêmes raisons) que les sites des pure players de l’information.
En revanche, et ce n’est pas une surprise, Canal Plus et Netflix sont en forte hausse : +11% pour CanalPlus en 2 mois et + 30% pour Netflix. On le comprend aisément : quitte à rester chez soi, on en profite pour regarder ou découvrir de nouvelles séries.
URSSAF
L’URSSAF fait aussi partie des sites dont le trafic a beaucoup augmenté. Mais il y a clairement 2 périodes : +30% sur 60 jours puis légère baisse. Il y a donc probablement eu un rush d’entrepreneurs, chefs d’entreprise, indépendants… au début de la crise et une fois les informations obtenues, on n’y retourne pas.
And the winner (du confinement) is…
La catégorie qui au global s’en sort le mieux, avec une certaine homogénéité des résultats, c’est… le X, les sites dits “pour adultes”. Sur 60 jours, 4/5 sites dont j’ai regardé les stats, affichent une croissance à 2 chiffres (ou presque) :
Jacquie et Michel : +21.58%
Xvideos : +17.53%
Xnxx : + 13.34%
Pornhub : +9.9%
Xhamster : +1.49%
Au-delà de ce que les uns et les autres racontent sur WhatsApp, Facebook, Instagram, and Co, vous savez maintenant ce que vos voisins et vos amis font pendant le confinement.
Classement 30 jours :
Classement 60 jours :
Vous voulez savoir si votre site est touché ? ou s’il se tient mieux ou moins bien que vos concurrents ? C’est simple :
cyril.bladier@business-on-line.fr
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