C'est l'un des thèmes à la mode en ce moment. Depuis le partage de fichiers, à la messagerie (instantanée ou non), en passant par la communication, le champ d'application est très vaste. Ces produits sont à la mode, mais ils gardent une dimension conflictuelle entre la Génération Y qui a grandi avec la numérisation et en est très demandeuse et les entreprises qui ont du mal à en percevoir l'intérêt réel.
D'autant que les changements ont du mal à s'opérer. Si chacun d'entre nous travaille de fait de manière collaborative, les outils mail et téléphone demeurent la norme. Les blogs, wikis, réseaux sociaux restent relativement marginaux. Les utilisateurs attendent une adaptation de ces nouveaux outils à ceux qu'ils utilisent déjà, notamment pour le partage de documents.
Mais le principal frein au développement de ces solutions réside dans l'attitude des managers qui craignent plus un impact négatif que positif sur la productivité. En effet, près de 60% des employés qui ont accès à ces services sociaux sur leur lieu de travail, vont sur leurs sites de réseaux personnels pendant leur temps de travail. Soit un équivalent temps d'une semaine par an et un coût estimé d'1.5 Milliard d'Euros (Source: Morse). De fait, de nombreuses entreprises ont simplement bloqué l'accès à tous ces sites. D'autant que l'ouverture de ces outils rend l'entreprise plus vulnérable aux virus, vers, logiciels malveillants. En plus cela facilite la fuite des données. J'ai personnellement eu accès assez facilement au Power Point présentant tout le détail de la structure de coût d'un industriel concurrent.
Une autre conséquence de ces outils est que la collaboration peut casser le modèle hiérarchique. Beaucoup d'entreprises, bien que convaincues, préfèrent s'abstenir quitte à subir quelques déconvenues. De fait, les applications purement professionnelles sont quasi inexistantes et les utilisateurs y recherchent essentiellement des bons plans ou les relations avec leurs amis. 2% d'utilisateurs de wiki, 3% pour les blogs, 5% pours les réseaux sociaux, la marge de progression est importante. D'autant qu'1/3 des utilisateurs estiment que ces outils leur compliquent la vie. La référence: Mail + pièges jointes reste bien en place bien que les problèmes de compatibilité soient quotidiens.
Pourtant, malgré les pertes de productivité indéniables (mais chiffrables), les gains sont importants: performance commerciale, satisfaction des clients…
Cette frilosité des entreprises n'est pas sans conséquence sur les utilisateurs en déplacement. En effet, en situation de mobilité, le Pushmail (Blackberry…) est quasiment le seul service déployé et utilisé. Et bien que les entreprises cherchent à réduire ou à limiter les frais de déplacement, la très grande majorité estime qu'aucun de ces outils ne remplace le face à face. Alors qu'en dehors du monde professionnel, on frôle la saturation, notamment avec l'Iphone.
On se retrouve donc à un conflit frontal entre ces outils qui ont conquis le grand public et principalement la Génération Y qui commence à arriver sur le marché du travail et les entreprises qui veulent contrôler et interdire. Ce qui, malgré tout, n'empêche personne d'utiliser son téléphone personnel.
Une réflexion de fond sur le déploiement de ces outils en entreprise va devenir indispensable. Aux organisations de prévoir les formations et les sensibilisations à la productivité, aux risques et à la sécurité.